Une ancienne caricature d'un célèbre slogan de notre ancien président Nicolas Sarkozy montrait la chose suivante :

* bulle 1 : Nicolas Sarkozy scandant "travailler plus pour gagner plus !"

* bulle 2 (sous-titre : on n'a pas assez de finances pour cela) : Nicolas Sarkozy scandant "travailler plus !"

* bulle 2 (sous-titre : on n'a pas assez d'emplois à proposer) : Nicolas Sarkozy scandant "plus !"


Cette caricature montrait bien les difficultés de faire des réformes justes quant au temps de travail en France. On peut remercier, certes, nos semaines de congés payés. Puis les 40h, puis les 39h, puis les 35h ? Grande question qui a le mérite de diviser.

D'un côté, les 35h ont montré dans certains secteurs la création d'emplois prévue (voire mieux), d'un autre côté, dans certains cas il a fallu faire pareil en moins de temps et les pressions se sont accentuées sur certains personnels (mal-être au travail). Difficile d'avoir une vue d'ensemble, surtout quand chacun campe sur ses positions (s'il est facile d'avoir une position déterminée non argumentée "oui c'est génial" ou "non c'est pourri", il est bien plus difficile de se montrer incertain : diantre, Heisenberg, reviens parmi nous !).

Bon, mais dans le contexte actuel, il apparaît qu'il faut faire un effort, tous autant que nous sommes. Et c'est là qu'apparaît monsieur Lagarde (président de l'UDI, le centre quoi) pour nous dire qu'il faut revenir aux 39h, payées 35 donc. Bon, pourquoi pas. Il a raison après tout quand il dit que c'est trop facile d'avoir un programme plein de promesses pour se faire élire et de ne rien tenir : il faut être courageux, et je salue ce courage qu'il a, de dire cela alors que c'est affreusement impopulaire.

Sauf que ! Sauf que, quand on lui demande "quand vous dites tout le monde, le capital alors ?" alors il ne répond pas à la question. Pourtant s'il faut, comme il le dit, augmenter de 10% le temps de travail, il serait normal de faire de même pour le capital : pour que tout le monde participe à la même hauteur, il suffirait de demander que chaque actionnaire donne 10% de ses actions à l'état. Ca serait équitable, ça, non ? Sinon comment faire autrement, quand il est impossible de faire travailler plus ces pauvres actionnaires ? Non, vraiment il n'y a pas d'autre solution.

Et quand on lui demande "tout le monde, et les enseignants, qui ne sont jamais passé ni aux 40h ni aux 35h" il répond : oui, eux aussi devront augmenter de 10% leur temps de travail (et de jouer sur la corde sensible des hussards noirs de la république). Et il dit alors que cette augmentation de 10% de l'horaire donnerait 2h à 2h30 de plus de service devant les élèves. Pour, je cite, donner plus de temps en petits groupes pour les élèves défavorisés, parce que c'est indispensable, et qu'il faut donc que les enseignants le fassent. Je ne savais pas qu'avec le surcroît de travail indispensable demandé par le vieillissement de la population on avait demandé aux médecins de travailler plus gratuitement sans compensation. Il me semblait plutôt qu'on avait créé des emplois spécifiques pour s'occuper de la population âgée.

Ah mais non, parce que créer des emplois publics, c'est très mal. Et c'est là ma question : quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi la "droite" dit que c'est mal de créer des emplois publics ? Ils détruisent des emplois dans les impôts, alors même qu'un inspecteur des impôts rapporte plus à l'état (en dénichant la fraude) que ce qu'il ne coûte. Ils détruisent des emplois dans l'enseignement, alors qu'un enseignant rapporte plus à l'état (en éduquant pour aller vers un monde meilleur : créer des écoles pour casser des prisons) qu'il ne coûte. Ils détruisent des emplois dans les hôpitaux, créent des systèmes absurdes de financement qui font dépenser plus d'argent (déclarer des conneries et utiliser des conneries parce que sinon l'hôpital a moins de financement et ne pourrait pas tourner, on n'en est pas à faire tourner des camions pour rien pour utiliser le reste de l'essence à la fin de l'année mais presque). J'aimerais voir un argumentaire qui explique pourquoi il ne faut pas créer tous ces emplois, et pourquoi c'est mal. Parce que je ne comprends pas. Mais alors vraiment pas.

Ah bon. Ou alors c'est mal formulé ?

Cum hoc ergo propter hoc.

Bien aimer son travail n'est pas synonyme de aimer bosser. Etre content d'avoir un boulot dans la situation actuelle de 10% de chômage n'est pas non plus aimer bosser.

Par ex. quand je dis que j'aime le chocolat, ça veut dire qu'il y a pas mal de chances que je mange du chocolat s'il s'en trouve devant moi que j'ai le droit de prendre (et que ça n'implique aucune conséquence, évidemment je ne vais pas manger 10kgs de chocolat).

Bon, eh bien je ne suis pas convaincu que des gens choisissent de faire un travail s'ils ont le choix de le faire ou pas sans contraintes ni conséquences directes. Effectivement pas mal de "travaux" n'ont pas de conséquence directe et visible, malheureusement. Si vous êtes une société d'une dizaine de personnes, si chacun ne participe pas à la chasse, la cueillette, la construction de l'abri du clan, conséquence directe, le clan n'a pas de quoi survivre. Donc tout le monde va choisir de "travailler" plutôt que de ne pas le faire (d'ailleurs fun fact, il est probable, si on en croit Marshall Sahklins : Age de pierre, âge d'abondance. L'économie des sociétés primitives que cela correspondait à bien moins de travail par jour) et aime du coup ce travail car il lui permet de survivre. Aujourd'hui, tout autour de toi est là pour te convaincre que tu n'as pas besoin du travail pour survivre, malheureusement. Pourtant quand chacun fait sa part du boulot tout va mieux, mais comme c'est "difficile" à voir, et que tout le monde a des exemples de personnes qui n'en foutent pas une sans que ça n'ait l'air de changer grand chose...


J'ai fait un énorme raccourci qui semble laisser croire que j'ai oublié mes propos récents sur corrélation et causalité, mais je pense néanmoins qu'il est difficile d'avoir forte rémunération + loyauté sans taux de suicide assez élevé. Effectivement, je pense que réussir à avoir forte rémunération + loyauté passe forcément par également une "culture globale" très différente, qui pense plus à la société que l'individu, et par voie de conséquence, certains individus peuvent se retrouver vraiment très exclus, sans solution.

Cf. la prise de conscience de ce problème après les attentats de 1995 de la secte "Aum".

Du coup, oui je suis pour l'intérêt général (qui n'est pas assez recherché par nos élus, je trouve, mais bon là encore, avec le temps politique court et la démagogie indispensable pour se faire élire...), mais je pense qu'il est difficile d'atteindre un super point d'équilibre avec intérêt général très fort mais intérêts individuels pas complètement délaissés.

J'avais bien compris ton premier point. Pour l'autre c'est de l'interprétation, c'est défendable mais les chiffres ne sont pas non plus aussi catastrophiques que ça.

Je pense que le problème du Japon c'est surtout l'immense place du travail sur la vie d'un individu. Du coup ils sont surmenés, toujours sous pression, et tu couples ça à la vergogne qui va justement avec cette loyauté indéfectible, et tu obtiens des gens qui préfèrent mourir que de se voir déshonorer, de perdre la face parce qu'ils ont échoué.

Je conçois là chose ainsi:

désacraliser le travail, faut arrêter de se prendre ultra au sérieux. Bon je dis pas pour certains métiers sensibles, et encore les médecins sont souvent de gros déconneur (dans le sens comique, mais qui ne fait rire que la communauté).

Accepter l'échec, accepter la honte.

Arrêter de jalouser au quotidien son prochain, apprendre à être patient, ce que tu jalouses aujourd'hui tu l'auras demain, et l'autre l'aura perdu.

Se ménager soit même et ménager les autres, se sortir les doigts du cul, se faire violence, y a un équilibre à trouver dans tout ça.

Comprendre que si un travail n'est pas fait, le cout se répercute sur tout le monde, et il finira par se répercuter sur celui qui à rien fait alors qu'il aurait pu faire et tout ceux qui ont cru bon de ne pas faire de rappel (sans pour autant harceler). C'est comme la maman qui te dis de faire tes devoirs, certaines personnes ont peut être besoin de ça, et si elles deviennent agressives tout en refusant de bosser un bon coup de boule dans le nez.

Vous allez me dire, oui mais c'est un travail sur soit.

Mais pas que, puisque la culture, la société, l'éducation, sont des sources d'influence très puissante et le problème c'est que dans nos sociétés on exacerbe toute les mauvaises habitudes et mauvais penchants des gens, plutôt que d'exalter leur bon coté. (Bon j'exagère, disont majoritairement, y a encore des gens bons, honnêtes, tout ça). Mais soyons réaliste, c'est pas la majorité, car tout est conçu pour qu'on se jalouse, qu'on se dispute, qu'on se bouscule pour être les premiers, avoir avant les autres, etc. La caricature de ce que je raconte, l'ultime et pourtant bien concrète période des soldes illustres ce genre de paradigme digoulasse.

Tout ça est surement calculé pour faire de nous les citoyens que nous sommes, afin de s'intégrer dans un schéma qui profite à la caste des oligarques.

Et voilà je suis reparti dans mes délires paranoïaques...? Peut être, qui sait.